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  • : ENSA EN GREVE
  • : les étudiants tiennent ce blog pour vous tenir au courant de leur situation et de l'avancée du mouvement
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3 mai 2007 4 03 /05 /mai /2007 14:43
L'École supérieure d'art de Limoges bloquée par les étudiants qui demandent le départ du directeur

Le "maintien à tout prix du directeur à l'école supérieure d'art de Limoges" témoigne, avec le"licenciement d'un enseignant à l'école supérieure d'art de Metz" (L'AEF du 27/04/2007, 78372) du "manque général de concertation dans les écoles d'art" où "beaucoup trop souvent, les décisions (…) sont le fait d'une seule direction qui impose son point de vue et ses orientations", estime la CNEEA (Coordination nationale des enseignants d'écoles d'art) le 30 avril 2007. L'association fait référence à la reconduction, par le ministère de la Culture, d'Olivier Lerch à la tête de l'ENSA Limoges-Aubusson malgré un avis défavorable du conseil d'administration de cette école.

Le climat est très tendu entre la direction de l'établissement de Limoges, une des dix écoles nationales d'art rattachées au ministère de la Culture et de la Communication, et ses étudiants, qui multiplient depuis plusieurs semaines les actions (occupation de l'école, manifestation, courriers, blog…) pour dénoncer les méthodes de leur directeur et des dysfonctionnements dans la pédagogie.

POURSUITE DE LA GRÈVE

À l'issue d'une réunion de deux heures organisée hier, 2 mai 2007 à la DAP (délégation aux arts plastiques) du ministère de la Culture, avec les représentants étudiants de l'ENSA Limoges-Aubusson, "les choses n'évoluent pas beaucoup", estime Pierrick Lacord, un des trois représentants étudiants au conseil d'administration de l'école et élève de troisième année. La décision a été prise de conserver le projet d'école et de dépêcher sur place une "équipe de l'inspection de l'enseignement artistique" pour renouer le dialogue au sein de l'équipe pédagogique et relancer ce projet, précise l'étudiant à L'AEF.

Le même jour, à Limoges, les étudiants ont voté la poursuite de la grève et du blocus de l'école d'art (71 pour, 36 contre et 4 absentions) au cours d'une assemblée générale où 111 élèves sur 134 étaient présents, indique-t-on de source étudiante. "Il y a eu trop de différends, de tensions, de menaces et de violences verbales" pour que les étudiants "donnent du temps au directeur", explique Pierrick Lacord. En raison de l'occupation des locaux du site de Limoges, L'AEF n'a pu joindre la direction de l'ENSA.

GUERRE INTERNE

En fonction depuis 2003, Olivier Lerch a été reconduit par le ministre à la tête de l'école d'art de Limoges alors que le 9 mars dernier, le conseil d'administration de l'ENSA s'était prononcé contre son renouvellement: 10 voix contre, 5 pour, une abstention. "Ce n'est pas une guerre de personne, un combat contre le directeur", tient à préciser Pierrick Lacord, "mais, pour nous, son départ est le seul moyen de faire changer les choses. Tant qu'il sera là ce ne sera pas possible de créer un groupe pédagogique cohérent au sein de l'école pour travailler tous ensemble". "Nous voulons que la guerre interne entre [enseignants d']art et design cesse, sinon, on n'avance pas."

"On a une très bonne école au niveau du matériel mais nous sommes en perdition", ajoute Julie, une étudiante de première année, qui parle d'école "refermée sur elle-même", "d'enseignement minimaliste" en histoire de l'art, d'un "manque de profs, même si cinq enseignants doivent arriver l'an prochain" et de ses camarades de première année qui ont peur de perdre trois ans et veulent quitter l'établissement.

Les étudiants disent aussi ne pas comprendre les choix pédagogiques: "le design et les ateliers de savoir-faire sont mis en avant et on délaisse la partie 'art' et en même temps, il n'y a pas d'approche généraliste du design", explique Pierrick Lacord, réclamant une plus grande ouverture sur les savoir-faire européens en matière de céramique et de textile. Autre reproche: une communication jugée "tape-à-l'œil" et parfois non conforme à la réalité des enseignements. Le DNAT (diplôme national d'art technique) en céramique est toujours mentionné dans les brochures alors qu'il n'existe plus depuis trois ans; les nouveaux ateliers consacrés à l'art du feu sont mis en avant mais il n'y a pas possibilité d'en faire une spécialisation dans son cursus, cite Pierrick Lacord.

ÉLUS LOCAUX

Leur mobilisation et leurs arguments ont trouvé un écho auprès des élus locaux et régionaux, soucieux de l'image de l'ENSA Limoges-Aubusson mais aussi de l'avenir de productions historiques telles que la porcelaine de Limoges ou la tapisserie d'Aubusson. Les maires de ces deux villes, Alain Rodet et Michel Moine, ainsi que le président du Conseil régional du Limousin, Jean-Paul Denanot, ont écrit ces derniers jours au ministre Renaud Donnedieu de Vabres. Le député-maire de Limoges s'inquiétait ainsi, le 16 avril dernier, de la "démotivation des élèves et des enseignants", de la "perte d'attractivité de l'école" ou du "départ d'enseignants reconnus en design".

Dans sa lettre au ministre le 13 avril, Jean-Paul Denanot, dit assister, "impuissant, à la paupérisation de cette école en ressources humaines, comme en moyens financiers" et qualifie la gestion de cet établissement de "pour le moins dangereuse". "Il ne nous échappe pas en effet que la baisse régulière du nombre d'étudiants est masquée par l'accueil d'étudiants asiatiques, au demeurant bienvenus, pas plus que la réduction du nombre d'enseignants titulaires spécialisés au profit d'intervenants vacataires", dit-il. Le président du Conseil régional souligne qu'en trois ans, "le représentant de la région au conseil d'administration n'a pas eu à se prononcer sur l'adoption d'un projet pédagogique définitif négocié avec la communauté enseignante". Dans son blog, Michel Moine liste "des errements [de gestion] dont les étudiants et les enseignants ont dénoncé les conséquences: non transmission du dossier de demande de bourses Erasmus, options annoncées non programmées, opacité des actions menées en Espagne à la Bisbal [un des sites de l'école], harcèlement de certains salariés, absence totale de dialogue et de prise en compte des avis des administrateurs..." ainsi qu'un "mépris certain affiché vis-à-vis des élus".

CLIMAT DE DÉFIANCE

La délégation aux arts plastiques du ministère de la Culture refuse pour l'instant de s'exprimer sur ce sujet, de même que la DRAC (Direction régionale des affaires culturelles) Limousin. Des observateurs de ce dossier estiment que les tensions qui s'expriment actuellement à l'ENSA Limoges-Aubusson illustrent la crainte d'une partie des étudiants et des enseignants de voir glisser la vocation de l'école d'art vers une école des métiers d'art. À cela s'ajoute un climat de défiance en raison de la non communication d'un rapport d'inspection sur l'ENSA Limoges-Aubusson, réalisé cette année et portant sur l'enseignement, l'immobilier et la gestion budgétaire de cet établissement. Une synthèse orale de ce rapport, co-écrit par l'inspection de l'enseignement artistique et l'inspection générale de l'administration des affaires culturelles, a été présentée lors du conseil d'administration du 9 mars 2007 de l'ENSA. Mais différents représentants au CA se plaignent de ne pouvoir accéder à une copie intégrale de ce rapport.

Contacts:
- Étudiants grévistes, lesetudiantsdelensa@yahoo.fr
ensa-en-greve.over-blog.fr/
- ENSA Limoges-Aubusson, 05 55 43 14 00, accueillimoges@ensa-l-a.fr
www.ensa-limoges-aubusson.fr

Bordeaux, Jeudi 3 mai 2007, 11:19:18
Article écrit par Sabine Andrieu

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